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25/11/2012

Chapitre 14: Vengeance en commun

« Une vengeance trop prompte n'est plus une vengeance; c'est une riposte. », Henry de Montherlant

0.jpgBob venait de terminer son récit.

Mary avait semblé tellement intéressée qu'elle n'avait plus osé l'interrompre pour poser d'autres questions.

Elle n'avait jamais pu imaginer ce qui avait été à l'origine de la situation présente.

Il avait envie de lui donner confiance. Il pencha pour la deuxième option. Etait-elle seulement prête à aller plus loin, à jouer un rôle dans cette partie d'échec dont elle avait dû prendre quelques pièces sans en connaître les règles dans sa totalité ? 

Pendant une heure, il la laissa sur cette fin avant d'aller plus loin et après l'avoir observée. 

Visiblement, Mary prenait son temps pour assimiler l'histoire et Bob n'était pas pressé.

Il lui lança de manière inattendue.

- Veux-tu entrer dans l'arène des personnes que l'on nomme "espions" ou pire "espions-double" ? Tu sais comment Matahari a terminé sa vie. Je ne t'ai pas tout raconté pour ton bien. Moins tu en savais mieux, cela vaudrait si cela arrivait à être découvert. J'ai pris la décision de dénoncer ce qui doit l'être, même si je n'ai pas encore saisi tous les maillons de la chaîne. J'ai commencé mon enquête sur Internet, comme tu le sais, et cela m'en a appris bien des choses. Mon dossier est presque complet. Moi, qui n'étais pas un fanatique d'Internet, cela t'a fait tout drôle au début. Tu dois t'en souvenir. Mais je ne pouvais pas t'en dire plus. Je manquais trop de pièces à insérer dans ce puzzle.

Pas encore question de lui parler de ceux qui lui avaient ouvert les portes de ce qu'il avait dénommé "l'enfer pharmaceutique".

Elle avait déjà tout cogité et finit par répondre.

- Donc, à part ton accident, tout était du bidon... Tu as joué à l'amnésique, alors que tu savais.

- Comme tu dis.

- Ce qu'on t'aurait fait boire n'a pas fonctionné comme prévu. Je peux te jurer que je n'étais pas au courant et que tu m'apprends beaucoup de choses aujourd'hui. J'ai des torts mais pas ceux-là.

- L'amnésie m'arrangeait. J'ai préféré laisser croire à tout le monde que je ne me rappelais de rien avant mon accident. J'y prenais un avantage personnel puisque tout le monde me prenait en estime. Au départ, ce fut, donc, un test.

- Un test ?

- Que dis-je, une manipulation, une tromperie suffisamment efficace pour rendre le test le plus perspicace. M'annoncer que j'étais virer. Marcovitch n'y était pas allé par quatre chemins. Il avait eu une imagination machiavélique. Il savait que j'allais réagir violemment.  

- Mais cela ne s'est pas passé comme prévu.

- Puis, ce fut ce bête accident. Non prévu, qu'il lui a fallu intégrer dans le test. Ce fut la faille qui a tout foutu parterre sans qu'ils ne s'en rendent compte alors qu'il croyait le contraire. Perdu dans ses illusions, cet accident aurait pu être un tsunami. La machination n'a pas été déroutée et ils se sont dit que cela avait marché. Tant qu'ils gardent la face et leurs illusions...

- Mais, ce n'est pas nous qui sommes les marionnettistes. Nous sommes plutôt les marionnettes. Remonter les fils pour les leurs couper reste-t-il possible avec le temps ? Nous avons toujours travaillé honnêtement. Trop peut-être.

- Peut-être. Mais, ils vont devoir me le payer. Je leur en ferai voir de toutes les couleurs à leurs médicaments. Ils ne pourront plus que me virer, chose qu'ils avaient déjà fait.

- Mais, il y a des risques. N'est-ce pas le pot de fer contre le pot de fer?

- Cette fois, il faudra, en plus, rester en vie. Ne pas la perdre car j'ai des sources qui m'ont averti des dangers. Cela veut dire rester dans l'ombre.

- Comment crois-tu réaliser cela ?

- Je suis au début de l'enquête. Alors, je répète si tu veux rester en dehors de tout cela, je ne t'en voudrais pas. Personnellement, j'ai déjà pris des engagements et on compte sur moi. Quant à toi, tu me serais d'une aide utile, ne fut-ce que morale. 

Mary, d'abord silencieuse, assimilait, déglutissait tous les mots de Bob en plusieurs lampées. 

- Tu m'as convaincue. Je jouerai ce jeu. Je t'ai retrouvée comme à tes débuts. Passionné. Prêt à tout. Combatif. C'est cela qui m'avait plu en toi dès les débuts de notre mariage. Avec le temps, j'avais senti comme un relâchement, une érosion de ce genre de sentiment. Je sens le retour du Jedi est en toi et je marche avec toi, un rien excité par la tâche.

- Des paroles que je croyais avoir oubliées à tout jamais. Alea jacta est. Merci, Mary.

Bob la prit une nouvelle fois, dans ses bras. Leurs regards se croisèrent. Leurs bouches se fondèrent dans un deuxième baiser encore plus profond. Les mains commencèrent une exploration, en commun, qu'ils avaient oubliée avec le temps.

Il la souleva comme le jour de leur mariage. Quelques raideurs dans le dos lui rappelèrent qu'il n'avait plus les mêmes possibilités que par le passé. Mais qui aurait pu le confirmer ? Ni elle, ni lui ne s’encombraient d'une telle considération d'être victime de l'âge.

Un sourire de part et d'autre fut seulement la réponse à ce problème de poids passagé. Les caresses intimes avaient évolué aussi. Elles se faisaient plus tendres, plus expertes de ce que l'autre désirait plutôt que de seulement satisfaire son propre plaisir.

Pas question d'éteindre les lumières comme l'avait demandé Mary, le jour de leur mariage. Ils voulaient se revoir nus. L'un aida l'autre à se déshabiller sans hâte.

Puis, ils firent l'amour. Longtemps. Leur orgasme prit plus de temps à se produire.

Fatigués, ensuite, ils s'endormirent l'un à côté de l'autre.

Le travail de sape que Bob s'était fixé était déjà loin. Pharmastore, pour le moment, il n'y pensa même plus.

Étions-nous vraiment arrivés à la séquence de l'histoire dans laquelle l'arroseur arriverait à être arrosé ? Arrosé d'une eau chaude et bienfaisante ?

Compter les risques du métier d'agent double, ce n'était pas à la portée du premier venu et leur couple était novice dans l'art de la guerre. Bob n'avait pas été formé pour cela.

Demain était un autre jour et à chaque jour suffisait sa peine.

Cette fois, leur plaisir devait rester entier.

Pour le reste ... 

10:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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