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19/12/2012

Chapitre 08: Enquête de départ

« Lorsque des éléments, des détails, même anodins, reviennent régulièrement dans une enquête, il faut toujours les retenir, parce qu'ils dissimulent à coup sûr une signification profonde. », Jean-Christophe Grangé

0.jpgLe retour fut sans histoire. Des souvenirs heureux à mettre dans un album de famille.

Plus aucune allusion au sujet de la discussion de la veille.

Tout sourire, Mary était partie pour assister à son meeting important et Bob avait reçu un coup de fil de Jef et Agnes, leurs nouveaux amis avec qui ils avaient partagé quelques bons moments pendant ces vacances.

Bob repris contact avec les réalités de la maison.

"Pourquoi ne pas repeindre le living qui avait déjà quelques années de loyaux services ?", se disait-il.

Bientôt, Thanksgiving, il y a des pièces où ce ne serait pas un luxe de remettre un peu de jeune. Le soleil ronge et l'humidité termine le travail de sape.

Mais, le goût n'y était pas. Cela faisait tellement longtemps que les pinceaux et les brosses avaient dû prendre des allures de plomb fondu en un seul tenant. Il fallait probablement leur donner des remplaçants ou les rénover quand c'était encore possible. Non, trop de latence pour rompre cette alerte dans l'immédiat.

Il prit la décision d'aller au bureau pour aller tâter le terrain comme il l'avait annoncé à Mary.

Plus question de faire des excès de zèle ni de vitesses en route. Le temps était clair. La tour blanche triangulaire bien dégagée qui détenait les bureaux de la société, approcha plus vite que d'habitude.

Sa nouvelle voiture rouge, moins agressive que la MG, ne le tentait pas de revivre ce passé tragique. Quand il arriva au point de la chute de sa MG dans le vide, il eut un pincement au cœur en ralentissant et en essayant de voir les restes de l'accident.

Plus rien d'apparent, si ce n'est une profonde entaille qui déchirait un des taquets le long de la route. En y regardant de plus près, on pouvait encore apercevoir la couleur rouge de son ancienne voiture. Au fond du ravin, la carcasse avait été enlevée et seule un peu d'herbe roussie aurait pu rappeler l'accident. 
Arrivé, il trouva une place de parking au deuxième sous-sol et prit l'ascenseur.
Arrivé à la réception, la préposée l’accueillit avec un large sourire.
- Salut Bob, jamais vu un revenant en si bonne forme. Quel bronzage. Plus aucune cicatrice ?
- Salut Berty. Je ne vais pas te montrer ce qui me reste de l'aventure et faire un strip pour te montrer les cicatrices. Tout est bien caché sous les vêtements. Aujourd'hui, les chirurgiens font des miracles de coutures. De vraies bonnes femmes. Il faut dire que pour faire de la couture, ils sont un peu lent de compréhension de ce qu'est le point de croix, mais qui a besoin d'en arriver là ? Tiens, tu ne te rappelles pas de la raison pour laquelle je suis passé par ici, avant mon accident ?, questionna Bob, mélangeant l'humour à la question cruciale qui le poursuivait.

-Je ne suis pas sûr d'avoir été présente ce jour-là. C'est à ma collègue, Lizbeth qu'il faudrait poser la question. Elle est en congé depuis hier.

-Ok. Pas de problème. Laisse tomber, c'était une question banale sans intérêt. Je ne me rappelle plus de tout des détails. Cela doit être le syndrome d'Alzheimer qui me guette à ce sujet. J'ai encore quelques jours devant moi avant de revenir au turbin alors je suis passé par ici pour me remettre dans le bain. Qui est là, ce matin parmi les anciens que je connaisse ?

-Après ton accident, normal que des bouts de mémoire te font défaut. Il y a Marcovitch de "HR", Silmons de la comptabilité, Darquette de "Projects",... les autres sont plus récents. Tu ne dois pas connaître.

- Merci. Cela me suffit pour la matinée. Je vais voir Darquette.

- Troisième porte à droite.

Bob était déjà dans la direction que Berty lui indiquait du doigt, après avoir fait un clin œil et lever le pouce gauche et l'index près de la tempe. Il frappa.

Il frappa à la porte et une voix nasillarde lui dit d'entrer.

- Salut Jim, j'espère que je ne te dérange pas.

- Pas le moins du monde surtout que quand c'est un miraculé qui m'interrompt, je suis encore plus enclin à lui répondre par l'affirmative. Comment va ? On dirait que tu as rajeuni depuis notre dernière rencontre. Tu es même bronzé.

- Oui, Jim, j'ai eu une semaine de convalescence assez reposante au soleil des montagnes au-dessus des nuages. Et ici, comment progresse les nouveaux projets Pas de nouveaux médicaments en vue ? Mes clients commençaient à rester sur leur faim avant que je les abandonne à mon triste sort.

- Tu sais comme moi, que le projet du vaccin contre le Sida n'a pas encore fait des étincelles. Trop d'effets secondaires. Quant à les médicaments contre Alzheimer, de ce côté, ce n'est vraiment pas la gloire. Tu connais la Metformine et la Statine. Ils s'y intéressent mais cela n'a rien apporté de nouveau. Ils ne passeraient pas entre les mailles du fillet des tests du Conseils de contrôle. Je suis sûr que la boîte pourrait mieux s'en ressentir s'il n'y avait pas ce retard dans les délais. Pour les chiffres, je te laisse aller voir à la comptabilité. Ici, je surveille l'évolution de quelques projets. Mais n'as-tu pas de mot de passe pour aller sur Intranet ? Tu aurais déjà une meilleure approche de ce qui se passe dans notre noble maison.

- Je l'ai eu cet accès, puis j'ai perdu le mot de passe. Je n'ai jamais été un fana d'Internet, tu sais. Les listes de prix, on me les donnait imprimées pour les clients.

-Ok. L'adresse, toujours la même « www.pharmastore.us ». Prends ton nom et une initiale comme reconnaissance et je vais te donner le mot de passe après l'avoir réinitialisé. Tu peux le changer à ta guise. Tu verras que certaines entrées sont encore protégées par d'autres mots de passe. Il y a même un projet militaire ultra-secret dont peu de monde dans la boîte ont les clés d'accès pour obtenir tous les détails. Il s'agit d'un projet qui s'occupe de la mémoire.

Le mot « mémoire », Bob eut un déclic à peine perceptible, une sorte de relation de cause à effet avec son propre parcours de perte de mémoire. "Non, hallucine, cela n'a rien à voir", se disait-il.

- J'ignorais que l'on travaillait pour la Défense.

- Je ne peux t'en dire plus. Je ne m'intéresse qu'aux projets pharmaceutiques pour le public.

- Qui est au parfum de ce projet ?

- Je n'en sais rien. Le patron à New-York probablement et d'autres grands pontes. Cela t'intéresse ?

- N'oublie pas que si je suis vendeur de produits pharmaceutiques, j'ai aussi une formation de neurologie sans l'avoir vraiment patiqué.  Le cerveau, la mémoire, ce sont des domaines dans lesquels, j'ai écrit ma thèse à l'université.

- Si j'en apprends plus, je te préviendrai sans faute.

- Ok. Merci. 

Bob prit congé et sortit. Il avait son compte.
Dans le couloir, il fut surpris de rencontrer Marcovitch.

- Salut, Bob, quelle forme !

- Je te remercie de ta visite à la clinique. En effet, il suffit parfois d'un accident et on reprend des formes parfois différentes et des couleurs inattendues. Mais, je ne te conseille pas la formule, il y a des effets secondaires notoires à cette belle forme, répondit Bob avec un sourire en coin en se rappelant d'une visite dans son bureau dont personne ne semblait avoir le souvenir excepté lui-même.

"Tu oublies le traumatisme d'avoir été viré", eut-il l'envie d'ajouter, mais heureusement, il n'en fit rien. Dire cela et tout aurait été perdu, partie jouée et personne n'y aurait gagné.

Tant qu'il n'avait pas les clés de l'affaire, il avait décidé d'être muet comme une tombe sur ce passé-là. Voilà la stratégie du moment qu'il se proposait de suivre. Le complot du mutisme collégial, ce n'est pas lui qui allait le rompre. Il tiendrait bon. Le mensonge était plus contagieux qu'il ne l'aurait cru.

Une enquête, c'est toujours comme ça: au départ tout est décousu. Puis on remonte les fils et on retrouve les couleurs fusionnelles si pas originelles.


13:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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