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16/01/2013

Chapitre 01: Une inquiétude sournoise

« L’inquiétude présente est moindre que l’horreur imaginaire. », William Shakespeare

0.jpg07h30, mardi, 4 août. Sausalito, face à San Francisco.

Sausalito n'était plus la ville flottante que les hippies avaient investi dans les années 70. C'était devenu une ville au caractère méditerranéen BCBG occupée par des jeunes ou mi-vieux qui avaient fait fortune dans la Silicon Valley. Les prix des maisons étaient montés en flèche depuis que Mary et Bob avait acheté la leur.

Ce jour-là, c'était le premier mois de vie solitaire pour Bob, depuis que sa femme, Mary, l'avait quitté pour un bellâtre ou un gars plus fortuné que lui et qu'il n'avait jamais vu pour permettre de comparer ses avantages vis-à-vis de lui-même. Enfin, c'est ce qu'elle lui avait raconté.

Il s'en souvenait comme si c'était hier. C'était au soir de la fête nationale du 4 juillet. Il ne se souvenait pas à partir de quoi, entre Mary, son épouse ou lui, avait commencé la dispute, les hostilités, ni quel était le sujet de départ. Mais, à la fin, Mary avait claqué la porte après lui avoir dit "Je te quitte. Je connais quelqu'un qui ne sera pas aussi con que toi".

Soufflé, il était resté sans bouger, sans plus rien pouvoir ajouter. Elle avait décrété qu'il était temps pour elle, drastique, de changer de crèmerie et de vie. Il l'avait vu partir et revenir le lendemain pour prendre ses affaires de premières nécessités. Puis, ce fut tout. Le rideau était tombé. Il n'avait rien vu venir.

Il est vrai que les disputes étaient devenues de plus en plus fréquentes, depuis quelques temps. C'était évident pour n'importe qui d'autre mais pas pour Bob qui les considérait comme normales dans un couple qui n'était pas de la prime jeunesse. 

Il avait depuis, lui aussi, changé son rythme de vie. Le stress qu'il ressentait avant, était devenu plus fragmenté, filtré par une certaine désillusion. Une paix solitaire, parfois salutaire, parfois humiliante aussi. Son instinct de mâle le rongeait bien plus, aujourd'hui. 

La maison était, très certainement, moins entretenue qu’auparavant. Son épouse, Mary, s'en chargeait sans rien dire, mais il s'en était foutu royalement avant ce départ inopiné. Une femme d'ouvrage passait, depuis quinze jours, une fois par semaine pour effacer difficilement les affres que laissait un homme seul. Les repas, il ne les préparait même pas plus couramment qu'avant. Souvent, par sa profession et ses fonctions, il mangeait à l'extérieur. Un restaurant payant du soir était venu seulement ajouté une couche supplémentaire plus souvent que de coutume.

Oublier le passé, recommencer sa vie, il n'y pensait pas encore. Trop tôt. Toutes les images lui restaient trop en mémoire. Les femmes, depuis, il s'en méfiait comme de la peste. Très vite, le travail l'avait sauvé. Il s'en était saoulé pour "manger" son temps plutôt que de le vivre. Il s'en rendait compte, mais c'était la vie qu'il s'était choisi en rangeant son esprit dans un "ailleurs" moins douloureux quand cela s'imposait. Une sorte de lâcheté, en quelques sortes.

Bob avait un fils qui travaillait à New York. Marié à une épouse qui allait avoir un bébé incessamment. Il restait sans nouvelles ces derniers temps. Cela l’agaçait plus qu’il ne le laissait entrevoir dans leurs rapports. C'est vrai que son fils avait aussi un temps très chargé et un job qui le lui prenait mais il ne pouvait pas se sortir de la tête qu'une exception comme celle de planifier un moment pour lui présenter son petit-fils, dès son arrivée sur Terre, aurait dû lui venir à l'esprit. Cette période de solitude rendait Bob encore plus avide de nouvelles.

Comme toujours aux États-Unis, en bon chrétien, le traditionnel « Merry Christmas », était prévu pour la rencontre avec la présentation du bambin, et ainsi réparer le manque à gagner en relations humaines. Rien d'exceptionnel à cette situation. Entre la dinde farcie et les sourires entendus, l'habitude héritée d'un passé dont on oublie tout, arrange bien les esprits déshérités. Le malheur c'est que la Noël était encore loin, même si tout était déjà planifié de manière implicite, par écrit, comme chaque année. Le réveillon, cette fois, ce serait chez papa et qui sait, le lendemain chez maman, si rien ne s'arrangeait dans son couple avant ce changement récent. Plus proche de son fils, son ex devait probablement l'avoir accaparé au téléphone depuis quelques temps. Une mère parvient toujours à mieux s'immiscer dans la vie d'un fils qu'un père. Cela fait partie des gènes d'une femme. Il ne se faisait aucune illusion.

Une fête réconciliatrice entre elle et lui, Bob n'y croyait pas. Pour lui, c'était, toute l'année, travailler sans jamais réfléchir à autre chose qu'à ce qu'il faisait, au moment où il le faisait et au besoin, combler les trous et en constater les déchirures. Les mois qui précédaient, il se savait ne pas être assez à la maison et il le déplorait sans plus, aujourd'hui. Comme il considérait que ses déboires conjugaux ne devaient pas altérer la vie de son fils, ce n'était que très tard, qu'il avait osé les mettre au courant de sa séparation, de la nouvelle tenue de sa vie, sans parler de divorce. Pas encore...

"Un américain est libre et il doit assumer au besoin en silence", se disait-il.

Ce matin-là, il ne savait pourquoi, mais Bob ne se sentait pas autant pressé d'aller travailler que d'habitude même s'il avait dit le contraire à n'importe qui, qui lui aurait posé la question. Il avait mal dormi, mais bizarrement, il se sentait plus frais que s'il avait passé une nuit entière de sommeil.

Un café, pris plus fort que d'habitude, probablement. Il en prenait toujours un avant d'enfiler un déjeuner rapide, mais il s'était servi une double ration pour l'occasion après ce réveil laborieux et cela avait agi comme un booster, quitte à le stresser au maximum.

Cela faisait une vingtaine d'années qu'il travaillait dans une multinationale qui produisait des médicaments et des produits esthétiques. C'était travailler à la boîte mais pas à l'intérieur de la boîte. La liberté était sacrée pour lui. Une antenne administrative avait son siège dans deux étages du gratte-ciel America à San Francisco dans laquelle il se rendait très peu. Le maison mère était dans l'Etat de Washington.

Délégué médical, il préférait hanter les routes du matin au soir à la visite de clients chez les médecins et dans les pharmacies de la région de l'Ouest américain. Beaucoup d'hôtel et restaurants de la région n'avaient plus de secrets pour lui. Il aimait ces rencontres avec des médecins et les pharmaciens. Il s’enorgueillissait que les affaires marchaient relativement bien malgré la crise bien que celle-ci avait touché fortement bien des entreprises de tous les secteurs. Il avait commencé sa carrière dans les bureaux de la firme, mais les grands espaces l'avaient attiré comme l'aimant. Une place de vendeur ambulant s'était présentée et il avait sauté sur l'occasion.

Puis, comme tout allait bien, il avait gravi un premier échelon de management. Petit chef, responsable d'un service de quelques vendeurs pour une catégorie de nouveaux médicaments lancés après les derniers tests, l'agrégation et les demandes de brevets. Sa vie, après sa nomination, n'avait pas trop changé. Chaque trimestre, il réunissait les chiffres de ventes de chaque membre de l'équipe. Si cela ne lui plaisait qu'à moitié, que les résultats se révélaient en dessous de l'espérance, il avait trouvé quelques trucs pour adoucir son travail de statistiques en arrondissant les angles, comme il osait le dire. Les trimestres avec des résultats en surplus par rapport au quota, il les rabotait et reportait sur le suivant. Quand par malheur, ils restaient en perte, il s'arrangeait pour trouver des arguments en donnant des raisons conjoncturelles à ces maigres résultats. Les résultats trimestriels étaient, comme il le disait aux oreilles amies, un peu bidon mais il s'en foutait. C’était en fin d'année, en dernier ressort, qu’il parvenait à nouer les deux bouts pour que son quota annuel corresponde aux attentes. Le problème, ces derniers temps, il y arrivait plus difficilement.

Avec l'ordinateur, il avait des relations du type "je t'aime, moi non plus" comme peut être un ami obligatoire de circonstances que l'on rencontre quand on ne peut faire autrement. Vu son activité de nomade, pendant laquelle, souvent, il partait le lundi pour revenir chez lui le vendredi soir, il s'en accommodait sans trop de passions vu sa déjà longue carrière dans la boîte. 

Quelques amis étaient au courant de sa nouvelle vie solitaire, mais l'information était loin de s’être propagée. Les amis, qui savaient, étaient plutôt ceux de Mary.

Ses propres amis, il les avait construit en mission, sur la route ou dans un hôtel de passage. Il s'était fait un point d'honneur de tenir sa vie privée en dehors de sa vie publique. Pour ses collaborateurs, c'était le blackout au sujet de son côté privé. 

Il n'avait donc eu aucun secours moral d'aucun des membres de son équipe. Les amis de son épouse en moins, il se retrouvait souvent seul à philosopher. 

Les premiers jours, il avait broyé du noir sur toute la ligne, mais en silence comme un artiste qui se devait de faire bonne figure comme le soir de représentation après avoir appris la mort d’un proche. Cinquante-deux ans, il était trop tard pour envisager de changer des habitudes ancrées, trop tôt pour penser à la retraite.

Depuis sa séparation avec sa femme, la douleur s'était estompée et le sourire reprenait son office de maquillage. A certains moments de solitude à la maison, les images du passé revenaient et les larmes coulaient. C'était surtout le cas, quand il reprenait les photos, les albums, les vidéos et revenaient sur la table. Celles qui pendaient sur les meubles ou au mur avaient été enlevées et avaient laissée des zones plus claires.

Tout engendrait, insensiblement, sa volonté de déserter la maison.

Ce qui l'avait distancé de son épouse se limitait à peu et à beaucoup de choses, à la fois.

Pour lui, le travail représentait une espèce de plaisir retrouvé dans le hasard du "public relation" d'occasions, auprès de ses clients et de ses prospects. Bob avait des goûts très basiques, en définitive. Très peu de choses pouvaient le satisfaire. A la maison, il avait compris que tout ce qui était interne à la maison avait un chef et un seul, son épouse. 

Comme il gagnait suffisamment pour deux, son épouse, Mary, aurait pu rester comme femme de maison. Elle avait choisi de travailler. Elle l'avait fait au début de leur mariage à la naissance de son fils. Puis, une envie de s'en évader vint et il l'avait laissé décider. 

Pour elle, son boulot était un moyen de satisfaire ses moindres désirs et une force de montrer qu'elle ne dépendait pas de lui. Elle avait énormément de goût mais souvent ses goûts s'harmonisaient avec des dépenses exorbitantes qui faisaient disparaître beaucoup d'espoirs d'assouvir les plus essentielles. Ses goûts, elle les utilisait dans son métier dans le design moderne. Elle revenait souvent à la maison avec de nouvelles découvertes quelle avait faite dans le "frog design". Bob, pour lui faire plaisir, les lui vantait en faisant semblant qu'il appréciait. 

Mais, à l'extérieur, dans la vie active, les vraies crises économiques avaient touché, en cascade, toutes les classes de la société, tous les secteurs d'activité. Réduire les coûts existait jusque dans la volonté des gens de ne plus passer par l'essentiel, par les soins médicaux, de ne plus coudoyer de médecins ou de pharmaciens qu'en dernière limite. Les assurances devenaient de plus en plus chères. A part, les avocats d'affaires et de divorces, seuls les croque-morts ne connaissaient pas la crise dans leur entreprise. Souvent, on entendait des publicités qui parlaient de succession, post-mortem malgré le prix élevé d'un passage sur antenne de la radio.

Pour Bob, les quotas de ventes, tout comme les bénéfices, n'étaient plus jamais dépassés que par un pourcentage au ras des pâquerettes.

Les médicaments qui faisaient la gloire de l'entreprise, tombaient dans le domaine public à l'échéance des brevets. Il fallait sortir toujours de nouveaux médicaments alors que les anciens étaient considérés comme dépassés, obsolètes.

Lui ne faisait, bien entendu, pas partie des concepteurs des projets des pharmaciens et de nouveaux médicaments. Il ne faisait que remonter les desiderata, les feedbacks des clients qu'ils lui apportaient. Ce qu'il en était fait ensuite, ne lui regardait plus. D'énormes investissements avaient été consentis à la recherche du sida, du syndrome d'Alzheimer. Les maladies dites orphelines, pas assez rentables, n'intéressaient plus la corporation depuis longtemps. Entre le moment de la découverte d'un médicament et sa commercialisation, il se déroulait toujours dix années d'attentes. La consommation du produit dans le public se révélait comme un succès de la recherche ou un échec cuisant suite à un effet secondaire qui n'avait été évalué que sur un échantillon restreint de volontaires.

A demi-habillé, il alla quérir le courrier dans boîte postale. Une bien jolie boîte, au devant de la maison, un souvenir de plus, un desiderata de Mary, qui avait pour but de montrer les jours heureux au facteur et à l'entourage. Dépense nécessaire, disait-elle, comme si la boîte aux lettres était quelque chose de représentatif du contenant et de ce qui se passait à l'intérieur de la maison.

Un achat, encore une folie de Mary qui avait généré une dispute.

- Tu ne te rends pas compte qu'une boîte aux lettres représente la vitrine de nous-mêmes ?

Alors, il sortait. Fuyait. Puis, cédait une nouvelle fois, sans rien dire avant de se réfugier dans un mutisme pensif en s'asseyant sous la véranda en verre. Il regardait devant lui. Se lavait de toutes les idées sulfureuses ou carrément noires, en attendant que l'orage interne se termine. Il savait qu'il ne parviendrait pas à la contredire. Il se convainquait. "Bien sûr qu'une boîte aux lettres est la vitrine de ce qu'on voudrait montrer de soi", se disait-il. Le problème pour Bob, c'est qu'il ne voulait pas montrer qu'il lâchait prise.

Les voyages, une autre source de disputes. Pour Bob, les jours de vacances se résumaient à se retrouver à la maison. Il avait tellement voyagé pendant ses activités commerciales qu'il voulait se reposer, renouer avec la famille. Pour les vacances courtes en générale, Mary, après avoir hanté les bureaux, aimait les voyages lointains à visiter le monde, de ville en ville avec le plus grand plaisir. Le Mexique était son exotisme préféré.

Malgré les années, elle avait gardé son charme d'antan et connaissait la technique pour arriver à ses fins. Le bling-bling en faisait partie. Un lifting avait dégagé les rides naissantes. La boîte aux lettres, elle la réservait aux factures, aux prospectus de publicité. Les lettres importantes passaient toutes par l'intermédiaire d'Internet.

Cette fois, Bob l'ouvrit lui-même, cette boîte aux lettres qui avait occasionné tant de discussions. Des deux mains, il compulsa le courrier, une lettre après l'autre défilait avant d'être déposée dans un tiroir ou jetée dans la poubelle qui jouxtait la "merveilleuse" boîte. Rien de bien dangereux à première vue. L'une des lettres attira son regard avec les sigles de l'entreprise qui l'employait. Il l'ouvrit sur le champ en déchirant l'enveloppe.

Cher Monsieur Robert Manson,

Pourrions-nous nous rencontrer un de ces jours dans nos bureaux.

Nous aimerions nous entretenir avec vous de l'avenir.
Bien à vous

John Marcovitch

H.R. Director 

"Plus laconique, que cela, tu meurs", pensait Bob. "De l'avenir" ? Qu'est-ce que cela sous-entendait ?

Marcovitch, oui, il se souvenait du nom du nouveau patron du département Human Ressources. Un quadra en phase terminale, bon chic, bon genre qu'il avait vu en photo dans la revue mensuelle de la boîte, mais qu'il n'avait jamais rencontré physiquement.

Une réunion, une de plus ? Un nouveau produit qui devait-il être lancé sur le marché et qu'il allait avoir à vendre ? Une promotion ?

En général, il en recevait les spécifications envoyées par mail, avant d'en recevoir les instructions plus précises, avec les prix d'émission, suivie d’une présentation du produit dans les bureaux et dans les mises à jour du catalogue.

Alors pourquoi, cette forme de contact ? Pourquoi pas un coup de fil ?

Il prit la série de lettres restantes et en fit un paquet qu'il déposa dans l’alcôve du hall d'entrée de la maison.

Bob se sentait parmi les privilégiés du système américain. Mais, il votait démocrate en se rappelant de sa période d'étudiant et de la guerre du Vietnam.

La maison en bois qu'il occupait était petite mais jolie. Son environnement immédiat comprenait un petit jardin avec des fleurs qui commençait à flétrir en manque d'eau et qu'il entreprit d'arroser. Une vue lointaine sur la mer, lui permettait de rêver. La maison respirait le calme, d'ailleurs. Elle avait un certain luxe bourgeois qui ne se laissait pas entrevoir de l'extérieur. Tout cela constitué, organisé, sérié, depuis des années, par Mary.

Ce jour-là, le ciel était gris. Du brouillard passait et camouflait alternativement des parties du paysage, puis se découvrait pour laisser, plus longuement, entrevoir l'horizon. Rien d'anormal pour la saison. Le Golden Gate est bien connu pour être perdu dans la brume sur les photos des cartes postales.

Une voix dans son dos le fit sortir de ses pensées.

-Salut Bob, bien dormi ?, entendit-il.

Le voisin l’avait vu sortir et voulait entamer une petite conversation qui depuis longtemps, avait été interrompue.

-Pas trop. Je suis un peu stressé ces derniers temps. Désolé, mais je n'ai pas beaucoup de temps à t'accorder. Je l'admets, je suis vraiment un très mauvais voisin. On devrait se téléphoner plus souvent et on devrait passer une soirée ensemble pour rassembler les moments perdus.

Il ne l'avait pas fait plus tôt car il ne voulait pas ressasser une nouvelle fois toute l'histoire, la raison de sa solitude.

-Bonne idée. Je dois avoir ton numéro de portable dans mon agenda. Nous avons certains points à discuter, pour diminuer les frais d'entretien de nos deux jardins. Je te laisse à tes occupations puisque tu es pressé. A plus...

- Merci, pour le comprendre. A bientôt. Téléphone-moi quand tu peux et quand tu veux.

La conversation s'arrêta là et il rentra.

Pourquoi avait-il coupé la conversation avec son voisin ? Bob le regrettait déjà. Il n'était pas pressé. Un faux stress ? Un besoin d'aller toujours plus vite ? Trop vite ? Il n'en trouvait aucune autre raison. Il n'avait pas d'horaire à respecter, seulement un quota à respecter, un chiffre d'affaires partiel du troisième trimestre qui entrerait bientôt dans les résultats de la société.

Ce qu'il avait à faire, peu de choses. Dérouler la "check list" d'actions à prendre pour un matin commença. Consulter ses mails sur son PC. Écouter d'une oreille distraite la radio ou la télé. Voir si l'équipe avait des problèmes et chercher à y remédier, parfois y répondre, allait prendre encore une demi-heure.

Pas de visites urgentes à faire auprès d'un client. Il décida de passer au bureau avant toutes choses naturelles à sa mission. Marcovitch l'avait appelé et il irait, donc, ce matin à San Francisco. Il n'allait pas lui téléphoner puisqu'il l'avait voulu ainsi.

Il avait une petite demi-heure en voiture pour arriver ua bureau. Il laissa la clé sous le paillasson comme il en avait l'habitude du temps où son fils aimait la retrouver.

La vieille MG rouge dont il ne se séparait jamais, était au garage. C'était son seul luxe. Sous le capot, c'était le troisième moteur. Quant à la carrosserie, il la bichonnait comme un bébé. Il aimait que l'on se retourne sur elle, à la suite du ronronnement qu'elle faisait.

Il s'y inséra sous son plafond bas. Elle démarra comme une horloge dans un ronronnement assez caractéristique qu'il aimait entendre.

Tout devait aller bien. Une belle journée. Il faisait doux.

Pourquoi s'inquiéter ?

Le problème, c'est que les apparences sont parfois trompeuses.


08:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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