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03/12/2012

Chapitre 12: Stratégie

« Il faut avoir une stratégie, mais il faut qu'elle soit souple, c'est l'instinct qui nous dit quand il faut changer de stratégie. Les deux sont importants mais on ne peut pas avoir l'un sans l'autre. », Paul Desmarais

0.jpgBob n'avait pas dormi, la nuit suivante.

Tout s'était bousculé dans sa tête.

Attaquer de front, révéler la vérité, cela aurait été de la folie. Une multinationale même en difficulté ne se serait jamais gênée par un olibrius qui s'attaque à elle dans son coin.

Son avenir en dépendait tout autant.

Un ombudsman, ce n'était pas ce qui existait dans les projets primordiaux de l'administration californienne.

Que du contraire.

On aurait préféré couler les rafiots, qui se présentaient à la rencontre d'un porte-avions plutôt que de lancer des torpilles contre ceux-ci.

Aurait-il été digne de confiance, lui-même, vis-à-vis d'une autorité compétante et indépendante ? Qui l'aurait cru ?

On retourne facilement les travailleurs d'une entreprise puissante comme le sont les multinationales. S'il était découvert, on aurait pu déjà l'utiliser et lui donner de fausses informations pour, ensuite, le faire plonger.

Il avait déjà été trop loin en posant des questions sur ce qui s'était passé lors de son passage et qu'il avait en principe reçu son C4.

Qui sait, la préposée au département HR avait été mise au parfum ou pire pour elle, subi le même traitement de lavage du cerveau.

Non, il fallait jouer serré, continuer à faire semblant. Jouer à l'amnésique l'avait servi jusqu'ici. Ne pas se tromper était plus difficile mais faisable après avoir calé quelques points de ruptures pour pouvoir s'y référencer en cas de doute ou de déroute. 

Combien de temps allait tenir son rôle de corbeau pour dévoiler ce qui se cachait derrière le projet MIND et qui l'avait mis dans la confidence ?

Son instinct s'était toujours tourné vers le client qui allait acheter sa camelote et ainsi augmenter le chiffre d'affaires de ses employeurs et pas pour les faire tomber.

Qu'avait jouer son épouse dans cette pièce en deux actes ?

Comme Mary était fatiguée en rentrant, il n'avait pas osé commencer son entreprise de fol-amour.

Pas question de brusquer les choses. 

Ces questions reprenaient une boucle infernale dans sa tête au rythme de ses changements de positions dans le lit dans lequel Mary dormait à ses côtés.

Une stratégie ne se présentait pas. Le cirage.

Il avait bien entendu qu'il existait l'hacking sur Internet, que Wikileaks publiait les malversations des états mais il s'agissait d'une multinationale privée et il n'était pas du tout sur cette longueur d'onde par son expérience. 

Appeler la presse et raconter à quelqu'un, les détails de ce qu'il avait cru comprendre sans en avoir de preuves... Qui voudrait jouer le diffuseur masqué et ne dévoilerait pas ses sources.

Un journal, voilà la bonne idée.

Mais qui mettre dans la confidence ? Quel journal ?

Tout se calma et il s'endormit.

Mary, dans le lit jumeau, n'avait heureusement pas ressenti son excitation et la transpiration qu'elle avait généré.

Le lendemain, le réveil fut laborieux.

Mary se leva peu de temps avant lui et vient l'embrasser en lui rappelant l'heure avancée.

Il se leva, s'apprêta et prit la décision de la suivre comme une ombre.

Un instinct, une curiosité ? Allait-elle aller à son bureau ou avait-elle d'autres objectifs ?

Partie dans sa propre voiture, Mary ne pensa pas avoir un suiveur. Bob, malgré son inexpérience dans les filatures et sa voiture rouge bien reconnaissable, n'eut aucun problème pour la suivre. Mary n'eut aucune raison de jeter une coup s'œil dans le rétroviseur.

Quelle ne fut pas sa surprise de la voir aller vers son propre bureau de "Pharmastore".

Là, pour ne pas être reconnu, Bob ne pouvait aller plus loin. Il s'arrêta le long du trottoir à distance respectable et décida d'y rester en faction. Mary était entrée dans la pyramide de l'America.

Rien ne se passa.

Midi sonna. Mary, accompagné de Marcovitch, sortirent ensemble. Là, le doute n'était plus permis, de près ou de loin, elle devait être impliquée. Peut-être, étaient-ils ou avaient-ils été amants. La rage mêlée à la jalousie le prenait à la gorge.

Un nouveau rôle à jouer, celui de détective après celui de corbeau. "Vraiment comblé, Bob", se dit-il.

Il devait éclaircir cette ambiguïté dans sa vie privée, mais Bob n'avait jamais aimé les esclandres en public. Ensuite, il ne connaissait rien du type de relation qui les avaient rapprochés.

La compréhension, il le ferait, dès le soir même, avec le plus de doigté possible.

Il rentra sans attendre la sortie des deux d'un Wimpy dans lequel ils s'étaient glissés. 

C'est alors, qu'une idée lui vint.

Il se rappelait un copain qu'il avait connu pendant ses études universitaires et qui avait choisi le journalisme.

Se rappeler de son nom, d'abord. Si le prénom, Thomas, lui revenait sans peine, le nom, par contre, s'était perdu dans ses souvenirs.

Bob entreprit de consulter l'annuaire téléphonique en même temps qu'Internet pour trouver les numéros de téléphones des journaux. 

Sur la table de cuisine, le déjeuner à gauche, le PC sur la droite et l'annuaire sur les genoux, il entreprit sa recherche.

Le "San Diego Union-Tribune", le "San Francisco Chronical" semblaient être les meilleurs, il s'en rappelait vaguement. Le premier journal avait subi une fusion en 1992. Son souvenir datait de cette époque. 

Il forma le numéro de téléphone.

- "San Francisco Chronical". Bonjour. Que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour, je recherche un ancien condisciple d'école dont le prénom est Thomas, mais j'ai complètement oublié son nom. Pourriez-vous regarder dans votre liste de journalistes d'investigation ? Je sais, c'est un prénom souvent utilisé, mais peut-être, pourriez-vous m'en donner une liste ?

- En principe, je ne peux pas donner les noms de nos journalistes.

- Je sais, mais faites-moi plaisir. Pourriez-vous faire une exception ? C'est urgent et vital, pour moi, j'ai des informations qui pourraient l'intéresser au plus haut point. J'ai été étudiant avec lui à l'Université, il y a une vingtaine d'années.

- Je regarde dans ma liste.

- Merci, de faire une exception.

Quelques minutes pendant lesquelles, une musique d'attente était censée faire patienter tout interlocuteur trop pressé. Puis, retour de la voix de la préposée.

Vous avez de la chance, il y a trois Thomas chez nous.

- Bonne nouvelle. Pouvez-vous à l'aide du fichier du personnel s'il y a l'un d'entre eux qui est âgé de 42 ans environ ?

- Décidément, vous avez une chance de pendu. Je n'ai qu'un journaliste avec cet âge. C'est Thomas Eddington.

- C'est ça. Je m'en rappelle à l'instant. Dites-moi comment je peux vous faire parvenir un petit cadeau, mais avant ça donnez-moi son numéro intérieur direct. Je vais le rappeler dans une heure.

- C'est le numéro d'appel que vous avez utilisé auquel vous ajoutez 448 et vous tomberez sur son poste interne. Pour le cadeau, si un jour vous passez par ici, j'aime beaucoup les fleurs roses. A vous de choisir lesquelles... Mon prénom est Léa. Demandez-moi à la réception. Je n'aime pas les cartes et j'aime connaître la tête de mes soupirants. (rires)  

- Entendu. Je m'en souviendrai. Je passerai certainement un de ces jours. Encore, merci.

Bob raccrocha et s'apprêtait à utiliser son portable quand celui-ci sonna.

L'espion interne. La voix toujours voilée.

Décidément, son interlocuteur, informateur était pressé d'avoir des résultats. Peut-être se sentait-il déjà repéré.

- Vous savez qui est à l'appareil. Avez-vous progressé dans vos recherches ? Dois-je vous donner de nouvelles informations ?

- Je vous ai reconnu. J'ai étudié une stratégie. J'ai un ancien copain journaliste qui pourrait nous aider. Pas de problème de votre côté ?

- Non, l’anonymat est conservé. N'oubliez pas de ne pas rester connecté à l'adresse que je vous ai communiquée.

- Pas de problème de ce côté, j'ai déchargé le site complet sur mon PC en utilisant une IP d'un serveur et me suis déconnecté après le déchargement.

- Ok, parfait. Sage précaution. Ne cédez pas toute l'information d'un seul coup, à votre journaliste. Si vous avez des questions, vous savez à quelle heure, il faut le faire. Toujours la même. Je ne pourrai pas vous rencontrer.

- Pas de problème. Je...

La communication était coupée.


08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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