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05/11/2012

Chapitre 19: Tout se précipite

« La réalité est la cause principale du stress - pour ceux qui la vivent. », Jane Wagner 

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Mary et Bob restèrent attablés juste le temps de voir partir Thomas.

Il avait pris le chemin du retour pour se diriger vers le lieu de rendez-vous avec le FBI.

Le journaliste avait pris les devants et les avaient quittés. Il valait mieux ne pas être vu ensemble. Personne n'avait pu constater qu'ils auraient pu être de mèche.

Tout était une question d'aller plus vite que l'adversaire éventuel.  Celui-ci avait démontré tout ce dont il était capable. Prendre une avance, imaginer ce qu'ils pouvaient faire.

Mary ne disait rien, mais Bob avait un pressentiment. Et si Thomas était déjà sur la liste des personnes à abattre ?

N'y tenant plus, il entraina Mary derrière lui. 

Il avait vu juste. En sortant sur le parking, derrière un buisson, un homme était planqué et avait vu sortir Thomas. Cet homme l'avait suivi depuis le bureau de son journal.

Rien n'aurait pu faire croire à un pisteur si ce n'est qu'il n'y avait pas de soleil et qu'il portait des lunettes noires et une gabardine grise. Il y avait bien un réflex qui manifestement prenait beaucoup de place sous la gabardine qui prenait la place d'un long téléobjectif qui pouvait faire croire à un touriste.

Le magnum qu'il tenait à la ceinture, lui, ne prenait pas autant de place.

Il n'avait reçu aucun ordre, plus précis que celui d'exercer une filature et il n'était pas prêt à faire des extras.

Il n'avait pas pu suivre ce qui s'était passé à l'intérieur du Black Jack, ni qui avait rencontré le journaliste. Son job se limitait probablement à de la surveillance de Thomas. Et il était resté dans le parking. 

Comme Thomas, Mary et Bob étaient cachés dans un fond de salle non visible de l'extérieur, il n'aurait pas pu les apercevoir. 

En fait, ses commanditaires ne connaissaient pas l'auteur des articles du journal. Alors, ils avaient lancé plusieurs pisteurs avec une mission de surveillance de tous les journalistes d'investigation du journal. Pisteurs choisis pour informer leurs clients, de tout ce qui pouvait être suspecté. Chacun des pisteurs pouvaient s'attendre à recevoir un changement de programme avec une extension de leur mission.

Thomas avait pris sa voiture.

Il avait bien regardé dans son rétroviseur en quittant le parking, mais il n'avait pu voir la voiture avec l'homme à la gabardine. Les professionnels et les détectives étaient plus habiles qu'il ne pouvait l'imaginer.

Bob, suivi de Mary, regagnèrent, en courant, la voiture de Mary. Juste à temps pour suivre à distance respectable Thomas et son suiveur. Ils entamèrent une filature à leur tour encore plus loin puisqu'ils savaient où allait Thomas.

Arrivé au bureau du FBI, Thomas fut invité de se rendre au 2ème étage chez l'agent McDonnald Pitsburg. En attendant de pouvoir être entendu par lui, le journaliste commença à écrire son article de révélations qui cette fois, comme il se le devait, allait prendre toute la colonne de droite de la page de garde.

Dix minutes après, il raconta de vive voix tout ce qu'il avait appris à l'agent McDonnald qu'il avait connu lors d'autres affaires. Les noms des responsables du projet intéressaient beaucoup celui-ci.

Un mandat d’arrêt lui était nécessaire, mais il se faisait fort d'informer très vite ses homologues de New York pour les envoyer inculper les responsables du projet alors qu'il irait, lui, de concert à Pharmastore pour cueillir Marcovitch.

Deux heures après, le journaliste le quitta. Il avait reçu l'exclusivité et l'autorisation de continuer la parution pour le lendemain. Avant de quitter, il demanda où il pouvait trouver une un ordinateur et une connexion Internet à une secrétaire.

Pondre son article ne prit pas longtemps. Il l'envoya par e-mail au journal avec quelques extraits importants des informations recueillies deux heures plus tôt. Il y ajouta quelques sources que Bob lui avait laissé copier. Thomas avait reçu l'exclusivité de l'information pour faire son travail de journaliste, mais il avait accepté d'écrire son article dans le timing de McDonnald.

Ensuite, devoir accompli, il se remit en chemin pour regagner son domicile.

Normalement, il aurait dû l'atteindre en moins d'une heure... Qui sait...

Le suiveur de Thomas en l'attendant avait averti ses clients de la visite de sa proie au FBI. Ses clients lui avaient assigné une nouvelle mission. Il devrait le suivre et choisir le moment propice pour créer un accident, avec de préférence un précipice et si cela ne se présentait pas, le descendre.

Il avait déjà vissé son silencieux sur son magnum. 

Thomas, peut-être, trop content d'avoir passé la main ne se rendit compte de rien. Il était sorti du FBI et avait pris une allure de sénateur sur la route.

A bonne distance respectable, Mary et Bob avait pris la place dans la file comme troisième suiveur. Comme il avait vu toute la scène, le manège et le coup de fil de l'ombre de Thomas, il se rendait compte qu'il devait se passer quelque chose. 

Sur la route, à un moment, il vit le suiveur descendre la vitre convoyeuse de sa voiture faisant entrer l'air dans l'habitacle ce qui fit envoler un papier par la fenêtre.

Dans l'habitacle de la voiture qui le précédait, par la lucarne arrière, il avait vu la main qui pointait une arme vint à sa vue.

Bob avait tout compris en un instant que le moment était venu. Tout se passa ensuite tellement vite. 

Bob avait accéléré pour prévenir Thomas. 

Trop loin pour réagir à temps, il vit la voiture de son suiveur déboîter dans un virage. Ce fut un tête à queue ou une queue de poisson, Bob ne le vit pas exactement.

Le suiveur n'eut même pas à utilisation son arme et à ajuster son tir. Pas eu besoin de gaspiller une balle que l'on aurait pu retrouver dans la suite.

Probablement surpris, Thomas ne s'était pas attendu à ces événements. L'effet de surprise fut total. Bob se devait de le penser.

Thomas avait freiné pour tenter la collision. Ce furent probablement pour lui, dans l'ordre, le coup de frein, la perte de contrôle, le dérapage non contrôlé, le rebondissement sur un poteau avant de quitter la route dans le ravin et d'exploser cinquante mètres plus bas.  L'accident parfait que des enquêteurs auraient, peut-être, des difficultés à expliquer. Mais qu'importait à ce tueur, la méthodologie de ses enquêteurs.

Aucun témoin devait-il croire. Aucune poursuite puisque la route était relativement peu fréquentée cette après-midi-là. La voiture du suiveur avait accéléré pour disparaitre très vite de l'horizon.

Bob s'arrêta et se précipita pour voir s'il pouvait encore agir et sauver Thomas. Il sentait que ce saut de l'ange devait avoir été fatal. Dans le ravin, des flammes autour de la voiture. Il ne vit personne en sortir. Thomas restait invisible.

Une réédition, réussie cette fois, de son propre accident ? Il avait raté la première phase de sa vengeance. L'émotion était trop forte. Il se mit à pleurer. Il se sentait responsable pour avoir entrainé Thomas dans la mort.

Bob téléphona à la police pour signaler l'accident, pour dire ce qu'il avait vu, sans pouvoir donner son nom. Son portable allait probablement être reconnu, mais il avait le temps. Puis, il partit.

Le lendemain, Bob alla chercher un journal.

Son affaire était devenue l'affaire dont tout le monde allait parler pendant quelques jours.

Le titre s’étalait sur deux colonnes en première page :

« L'affaire Pharmastore.

Nous suivions cette affaire de la société Pharmastore depuis quelques jours. Nous comptions vous en faire part progressivement en fonction de nos investigations. Les événements se sont précipités et en ont décidé autrement. Notre journaliste qui s'en occupait, après nous avoir communiqué son article, a subi un accident. L'accident de voiture a été révélé par un informateur anonyme. Jusqu'ici on doit encore parler d'accident, mais vu l'importance de l'affaire, nous sommes plus enclins à parler d'un meurtre maquillé. L'assassinat d'un informaticien qui travaillait dans la société Phamastore est-il lié à cette affaire ?

Deux heures avant le drame, le FBI avait été informé de ce qui se tramait dans cette société. Dès le soir, celle-ci a reçu leur visite et des dirigeants ont été inculpés à New-York et à San Francisco. Cette société développait et produisait en catimini des médicaments secrets, moins éthiques et moins nobles que l'industrie pharmaceutique est sensée produire. Plus rentables semblait répondre nos correspondants. Un filtre sensé faire perdre la mémoire ou au contraire la réinitialiser avec une histoire complètement différente de celle qu'un individu aurait vécue. Voilà le projet avec lequel cette société espérait renflouer ses caisses vu certains brevets qui arrivaient à échéance. Des difficultés financières avaient probablement été à la base de ce revirement. De nouveaux médicaments restaient en l'état de développement comme le médicament contre le SIDA, ce qui avait incité cette société à trouver d'autres solutions que l'on connait, depuis, sous le nom de "Projet MIND". Le journal vous expliquera les évolutions dans nos prochaines éditions.

Certains dirigeants ont été appréhendés et mis en garde à vue au FBI. Ils devront s'expliquer au sujet de leur implication dans ce projet. Nous espérons pouvoir vous apporter bientôt des confirmations au sujet de cette affaire.  

Notre journaliste d'investigation, Thomas Eddington, travaillait pour le journal depuis six ans. C'était un excellent journaliste qui souvent était resté dans l'ombre d'enquêtes délicates.

Les collègues et le journal présentons nos condoléances à la famille »

Bob relut par deux fois l'article. Ils avaient été un observateur entremetteur des événements et pas un acteur.

S'il n'avait pas suivi Thomas, il n'aurait pas su ce qui avait réellement engendré la mort de son copain d'enfance et cela il ne l'aurait pas digéré.

Il se sentait trop responsable dans ces moments dramatiques.

Il appela ce qui fut son collègue Jim, le chef de projet qui fut tenu à l'écart de ce projet, sur son numéro secret.

- Bonjour Jim. Tu es évidemment au courant des dernières nouvelles. Sans beaucoup me tromper, cela doit être l'information principale qui circule dans la boîte. Je ne sais si avec le recul, je participerais encore à ce genre d'enquête. 

- Salut Bob. En effet, ici, on ne fait que parler de cela. Marcovitch a été interpellé, hier soir, par le FBI. Cette affaire a dépassé tout ce qu'on aurait pu penser. Ne te sens pas fautif ou responsable de la mort cet informaticien, ni de ce journaliste. Ils avaient une éthique qui les empêchaient d'être complices de malversations. Pour le journaliste qui fut ton condisciple, il n'a fait que son travail d'investigation. Il connaissait les risques du métier. 

- Je sais mais cela me fait gros sur la patate.

- Je comprends. Je suppose que tu ne vas pas réintégrer le boulot de sitôt. Il faudra mettre de l'ordre dans tes idées au sujet de tout cela. La société devra se remettre dans le droit chemin et cela risque de dépasser de loin l'affaire récente du Mediator.

- Tu as raison, mais cela reste une culpabilité implicite. J'ai suivi le journaliste. Je sais donc que ce n'est pas un accident. Cela fait deux morts et un scandale qui aura des suites sur tout le personnel. La société, elle, je n'en ai plus beaucoup à y faire.

- J'ai le même sentiment. Il faudra oublier et remettre les compteurs à zéro. Continue ta convalescence. Prend encore du bon temps, tu n'en avais jamais pris beaucoup.

- Merci de ta compréhension et de me rassurer. Je te téléphonerai dès que l'on sera un peut plus loin dans les conclusions de l'affaire.

Bob coupa la conversation.


13:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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